Grossesse et greffe rénale

Vous avez bénéficié d'une transplantation et vous souhaitez avoir un bébé. Nous allons ici voir comment gérer cette grossesse qui peut présenter quelques risques.

La grossesse d'une femme greffée présente des risques qu'il est important de connaître. Le rôle du néphrologue est de bien expliquer tous les risques et complications encourus. En cas de grossesse confirmée, l'équipe de transplantation se mettra en relation avec l'obstétricien ou le gynécologue afin d'assurer un suivi médical complet. 

Évaluer les risques liés à la greffe et à la grossesse

Il est recommandé d'attendre deux ans après la greffe pour tomber enceinte. Passé ce délais, le risque de rejet aigu du greffon est moins important, ainsi, la dose d'immunosuppresseurs peut être diminuée. Ce traitement immunosuppresseur, qui est indispensable à la mère, peut également léser le foetus. C'est pourquoi il est important que le médecin qui suit votre greffe soit mis au courant rapidement de votre projet de grossesse pour pouvoir adapter les médicaments, en remplaçant notamment les traitements interdits pendant la grossesse, et surveiller ensuite que vous tolérez bien ce nouveau traitement et qu'il reste efficace pour le greffon (dosage des anticorps anti HLA dirigé contre le greffon, ou DSA, au décours du changement de traitement). 

Si ce nouveau traitement anti-rejet est efficace et bien toléré, et que le greffon fonctionne bien (fonction rénale peu altérée et sans protéinurie abondante); le risque d'une complication de la grossesse pour le greffon, la mère ou l'enfant est considérablement diminué. 

Une concertation entre vous, votre médecin néphrologue et votre gynécologue est donc absolument nécessaire. 

 

La prise en charge de la mère

 

Cette prise en charge doit être pluridisciplinaire. Elle sera concertée entre l'équipe de néphrologie et l'équipe de gynécologie. 

  • Pendant la grossesse, il s'agit de protéger l'avenir de la fonction rénale du greffon, en surveillant de façon rapprochée l'évolution de la pression artérielle, de la créatininémie, de la protéinurie et veiller à ce qu'un diabète gestationnel ne s'installe pas. La survenue de DSA est également à surveiller. Au cours de la grossesse, il est important de prévenir les infections, et plus particulièrement, les infections urinaires. Il est donc nécessaire de ne pas oublier de s'hydrater convenablement. 
  • L'accouchement peut être pratiqué, selon les circonstances, par voie basse ou par césarienne. 
  • Après l'accouchement, les mesures de surveillance de la fonction rénale de la mère doivent continuer à être suivies de près pendant quelques mois, avant de revenir à un suivi "normal". 

La prise en charge de l'enfant

Au cours de la grossesse, la prise en charge de la surveillance du foetus se fait en même temps que celle de la mère. 

  • Protéger la croissance de l'enfant
Passés les trois premiers mois de grossesse, les chances que celle-ci soit menée avec succès sont bonnes (95%).

Cependant, la prématurité (accouchement avant le terme) est assez fréquente et représente environ 50% des cas. À cette prématurité peut s'associer un retard de croissance extra-utérin (enfant de petit poids par rapport au terme de la grossesse). Dans d'autres cas, des complications peuvent survenir dans la période qui suit l'accouchement. Il est important de préciser que ces complications ne sont pas plus fréquentes chez ces enfants, les données concernant leur suivi sont très encourageantes.

  • Éviter l'allaitement 

Certains médicaments immunosuppresseurs sont incompatibles avec l'allaitement car ils peuvent passer dans le lait maternel. 🍼

 

À savoir


  • À partir de votre déclaration obligatoire de grossesse, 7 visites avant l'accouchement et 1 visite après celui-ci sont obligatoires. Elles vont permettre au médecin de vous examiner, de prendre votre pression artérielle, de vérifier votre prise de poids, d'évaluer la croissance de votre bébé et de répondre à vos questions (qui peuvent être nombreuses). 
  • Prévoyez votre accouchement dans une maternité de niveau 3 qui dispose d'un service de réanimation néo-natale, idéalement, dans l'hôpital où vous êtes suivie pour votre greffe. 
  • Dès le 4ème mois de grossesse, vous pouvez avoir le droit à l'allocation jeune enfant, sous certaines conditions indiquées par votre Caisse d'Allocations Familiales. 
  • Vous pouvez prendre votre congé prénatal 6 semaines avant la date prévue de l'accouchement , si votre médecin le juge utile, il peut anticiper ce congé prénatal de 15 jours. 

 

Pour conclure 

Votre désir de grossesse n'est pas incompatible avec votre greffe. Cependant, il est extrêmement important d'être suivie minutieusement tout au long de cette période. 

Vos différents médecins référents (néphrologue, gynécologue, médecin traitant) doivent être concertés de façon régulière et surtout, ils doivent communiquer entre eux pour mieux prévenir des risques liés à la grossesse. 

Vous devez être observante quant à tous vos rendez-vous médicaux. 

Le mieux étant de pouvoir prévoir avec votre néphrologue le moment de votre grossesse pour le faire au moment idéal et en toute sécurité pour le greffon, vous et le bébé à venir en adaptant notamment vos traitements bien en amont. Mais, une grossesse "surprise" peut tout aussi bien arriver. Dans ce cas-là, prévenez très rapidement votre médecin.