Alimentation & Maladie Rénale Chronique

Comme pour beaucoup de maladies chroniques, la nutrition des patients rénaux doit être adaptée à sa cause, à son stade, aux traitements associés, aux résultats biologiques, et aux habitudes de chaque patient, pour que se nourrir reste un plaisir.

Place de la nutrition dans la Maladie Rénale Chronique

Une nutrition appropriée permet de répondre à plusieurs objectifs :

  • Couvrir les besoins de base en protéines, en vitamines et en calcium pour le bon fonctionnement de l'organisme.
  • Apporter l’énergie suffisante à chaque personne en fonction de ses besoins (lipides/graisses et glucides/sucres)
  • Prévenir les maladies dues à un apport déséquilibré de nutriments (obésité, diabète, hypertension artérielle, ostéoporose/fragilité des os, dénutrition, problèmes cardiaques)
  • Ralentir l'évolution de la maladie rénale dès les premiers stades 

  • Éviter les complications métaboliques de l'IRC (hyperkaliémie, hyper ou hypocalcémie, hyperphosphatémie, surcharge hydrosodée....)
  • Respecter les habitudes alimentaires, la convivialité des repas, et surtout le plaisir de s'alimenter sans frustration majeure 

Qu'est ce qu'un repas équilibré ? 

Un repas équilibré comprend :

- 1 portion de protéines : de viande (éviter les abats), de poisson, d'œuf ou de lentille, de tofu, de steak de pois chiche (éviter les haricots rouges très riches en potassium), de tempeh…

- 1 portion de sucre lents (primordiale) : féculents (pain complet, pomme de terre rincées et trempées plusieurs fois, pâtes complètes, riz, quinoa et boulgour, blé complet,...) 🍞

- Des légumes crus ou cuits, mais l'assaisonnement ne doit pas contenir trop de matières grasses. Il vaut mieux privilégier les matières grasses d'origine végétale comme l'huile d'olive qui reste la plus saine ! 🍆

- 1 produit laitier (yaourt, fromage de chèvre, laitage,...). L’origine peut être végétale (coco, amande, avoine MAIS éviter le soja qui est riche en phosphore) ou animale (vache, brebis…). 🧀 

- 1 fruit 🍎

- De l'eau. Seule l'eau est indispensable. ll faut boire à sa soif, sans se forcer, sauf en cas de recommandation du médecin (si il y a besoin d'augmenter la fréquence et le volume des urines par exemple). Si vous êtes insuffisant rénal de stade 4 ou 5, si vous avez une insuffisance cardiaque ou un syndrome néphrotique, il faut limiter vos apports en eau et en sel.

- La famille des produits sucrés n'est pas indispensable. Elle peut être consommée de façon très occasionnelle pour se faire plaisir.

Dans l'idéal, les repas doivent être au nombre de 4 (3 repas équilibrés et une collation), bien répartis dans la journée. 

Point PROTÉINES 🍳

Au stade d’IRC modérée, une restriction protidique (en protéine) modérée est recommandée.

On estime qu'il faut 0,8g/kg de protéines par jour. Donc en prenant l'exemple de quelqu'un pesant 70kg il faudrait 0,8 x 70 = environ 60g de protéine par jour.

ATTENTION : 60 g de protéines ce n'est pas 60g de steak ! À titre d’exemple, il y a 22g de protéines dans 100g de bœuf, 31g dans 100g de thon, 23g dans 100g de blanc de poulet, 18g dans 100g de cabillaud ou encore 16g dans 100g d’œufs (soit l’équivalent de deux œufs). Du côté des végétaux, dans 100g d’amandes, il y a 21g de protéines, dans 100g de tofu il y en a 16g, dans 100g de spiruline il y en a 57g, et on retrouve 25g de protéine dans 100g de lentilles. Il est préférable de manger des protéines végétales à plus haute fréquence que les protéines animales.

Au fur et à mesure que l’IRC évolue, la restriction s'échelonne de 0,6 à 0,75g/kg de protéines par jour.

Au stade de la dialyse en revanche, l’objectif est d’éviter la dénutrition et la perte musculaire, en veillant à une prise de protéines entre 1,1 et 1,5g/kg par jour.

Point SEL 🌊

  • Éviter le substitut de sel à base de potassium qui peuvent amener à une hyperkaliémie (trop de potassium dans le sang)
  • Il est recommandé de limiter les apports salés si vous souffrez d’hypertension artérielle et/ou insuffisance cardiaque ou que votre volume d’urine est diminué fortement, voire nul.
  • Exemples d’aliments riches en sel : charcuteries, crustacés, conserves et les plats préparés du commerce, les viennoiseries, les produits pour apéritifs, bouillons, potages du commerce, les sauces industrielles, certaines eaux gazeuses...
  • Choisir des viandes, volailles, poissons, légumes dans la gamme de produits frais ou surgelés au naturel.
  • Cuisiner en utilisant des épices, des aromates, des condiments (ail-oignon-échalote) ou des herbes aromatiques pour donner du goût.

Point POTASSIUM 🍌

Il est fréquent chez les patients au stade 4 et 5 de l’insuffisance rénale chronique que le potassium augmente (puisque celui-ci est éliminé en grande partie par les reins normalement), ceci est à ajuster en fonction des résultats de votre prise de sang. Il faut donc suivre les recommandations de votre médecin.

Si la kaliémie (potassium dans le sang) augmente :
- Certains aliments dits "à risque" seront à supprimer comme le chocolat, les cacahuètes, les bananes (à savoir qu'une seule banane représente jusqu'à 20% de l'apport journalier recommandé de potassium chez les personnes sans maladie rénale), ...

- Les crudités ne seront pas bannies mais limitées en quantité.

Des modes de cuisson sont privilégiés pour éliminer une partie de ce potassium. Les légumes doivent être épluchés, puis trempés dans l'eau (pour les pommes de terre dans plusieurs eaux), rincés et ensuite cuits dans une grande quantité d’eau. Il faut éviter la cuisson à la vapeur, au micro-onde, braisé à cru ou frit à cru (le potassium se concentre).

Point PHOSPHORE 🍖

À mesure que la fonction rénale se dégrade, le taux de phosphate dans le sang peut grimper, provoquant ainsi des démangeaisons ou des douleurs articulaires et une décalcification des os. L’une des façons de prévenir l’accumulation du phosphore dans votre sang consiste à éviter de consommer des aliments à haute teneur en phosphore.

Les aliments à haute teneur en phosphore comprennent les produits laitiers, les noix et les graines ainsi que les additifs phosphatés. Les additifs phosphatés sont extrêmement bien absorbés et ont un impact délétère plus important sur votre santé osseuse. Toute personne souffrant d’insuffisance rénale devrait éviter les aliments contenant des additifs phosphatés. Ils sont présents dans les viandes transformées, les fromages fondus à tartiner, et certains repas congelés ou préparés qui, d’après leur étiquette, sont « assaisonnés ». 

Point CALCIUM & VITAMINE D 🍼

À mesure que les niveaux de phosphore augmentent dans votre organisme, les niveaux de calcium dans votre sang auront tendance à baisser. Lorsque cela se produit sur une période prolongée, les os risquent davantage de s’affaiblir et de se fracturer. Vous pourriez aussi éprouver des douleurs osseuses.

D’autre part, l’insuffisance rénale diminue l’activation de la vitamine D qui influence l’absorption intestinale du calcium.

Selon le taux sanguin, la vitamine D est donnée en supplément médicamenteux. Le calcium est apporté par les produits laitiers peu gras, certaines eaux de boisson et peut être supplémenté par des compléments alimentaires.

Bien manger reste essentiel, même si l'appétit n'est pas toujours là :  faites très attention à la dénutrition.

La dénutrition ne signifie pas une perte de poids, ou un poids faible et il est possible qu'une personne bien qu'en surpoids ou même obèse soit dénutrie. En effet, la dénutrition correspond à un déséquilibre entre l'apport des vitamines, des minéraux et des protéines et les besoins de l’organisme. Ces troubles nutritionnels peuvent être difficiles à déceler : manger beaucoup ne signifie pas manger bien, c’est la qualité et la variété de vos apports alimentaires qui vous protègent de la dénutrition .

Un régime trop restrictif peut aussi mener à une dénutrition. C'est pourquoi il est indispensable de faire appel à un(e) diététicien(ne) si des changements dans l'alimentation sont nécessaires, quel que soit le problème (sous-poids, surpoids, perte d'appétit, qu'on appelle anorexie, ou dénutrition...). 

Se nourrir doit rester un plaisir et un moment de convivialité.

Faire appel à un spécialiste 

Il existe depuis 2018, un financement au forfait pour l’insuffisance rénale au stade 4 ou 5. Le paiement au forfait vise à favoriser la qualité des soins et les mesures permettant de retarder la progression de la maladie rénale. Le forfait permet de couvrir les séances avec les diététiciens, les interventions / consultations paramédicales et socio-éducatives (activité physique adaptée et selon les besoins des patients : entretien avec psychologue, assistante sociale,...).

Cela est proposé dans les centres de suivi de l’insuffisance rénale chronique, alors qu’une consultation de diététique à l’extérieur du centre est souvent à vos frais.